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DESCA
Inscrit le: 19 Mar 2006 Messages: 139
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Posté le: Mar Nov 13, 2007 9:23 pm Sujet du message: Répertoire Descatronique |
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Voila,dans ce topic je post ma selection de textes que je présente en slam.
A commencer par un texte de Beaudelaire car c'est le tout premier que j'ai apris...
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L'AMOUR ET LE CRANE
L'amour est assis sur le crâne
De l'Humanité
et sur ce trône le profane,
Au rire effronté,
Souffle gaiement des bulles rondes
Qui montent dans l'air,
Comme pour rejoindre les mondes
Au fond de l'éther.
Le globe lumineux et frêle
Prend un grand essor,
Crève et crache son âme grêle
Comme un songe d'or.
J'entends le crâne à chaque bulle
Prier et gémir :
- "Ce jeu féroce et ridicule,
Quand doit-il finir ?
Car ce que ta bouche cruelle
Eparpille en l'air,
Monstre assassin, c'est ma cervelle,
Mon sang et ma chair !"
Charles Baudelaire _________________ "La vie est une dérision,ne la prenez pas au serieux:vous n'en sortirez pas vivant..."
Dernière édition par DESCA le Dim Nov 18, 2007 12:44 pm; édité 1 fois |
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DESCA
Inscrit le: 19 Mar 2006 Messages: 139
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Posté le: Dim Nov 18, 2007 12:40 pm Sujet du message: |
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LES QUATRE SANS COUP
Robert Desnos
Ils étaient quatre qui n’avaient plus de tête,
Quatre à qui l’on avait coupé le cou,
On les appelait les quatre sans cou.
Quand ils buvaient un verre,
Au café de la place ou du boulevard,
Les garçons n’oubliaient pas d’apporter des entonnoirs.
Quand ils mangeaient, c’était sanglant,
Et tous quatre chantant et sanglotant,
Quand ils aimaient, c’était du sang.
Quand ils couraient, c’était du vent,
Quand ils pleuraient, c’était vivant,
Quand ils dormaient, c’était sans regret.
Quand ils travaillaient, c’était méchant,
Quand ils rôdaient, c’était effrayant,
Quand ils jouaient, c’était différent,
Quand ils jouaient, c’était comme tout le monde,
Comme vous et moi, vous et nous et tous les autres,
Quand ils jouaient, c’était étonnant.
Mais quand ils parlaient, c’était d’amour.
Ils auraient pour un baiser
Donné ce qui leur restait de sang.
Leurs mains avaient des lignes sans nombre
Qui se perdaient parmi les ombres
Comme des rails dans la forêt.
Quand ils s’asseyaient, c’était plus majestueux que des rois
Et les idoles se cachaient derrière leurs croix
Quand devant elles ils passaient droits.
On leur avait rapporté leur tête
Plus de vingt fois, plus de cent fois,
Les ayant retrouvés à la chasse ou dans les fêtes,
Mais jamais ils ne voulurent reprendre
Ces têtes où brillaient leurs yeux,
Où les souvenirs dormaient dans leur cervelle.
Cela ne faisait peut-être pas l’affaire
Des chapeliers et des dentistes.
La gaieté des uns rend les autres tristes.
Les quatre sans cou vivent encore, c’est certain.
J’en connais au moins un
Et peut-être aussi les trois autres.
Le premier, c’est Anatole,
Le second, c’est Croquignole,
Le troisième, c’est Barbemolle,
Le quatrième, c’est encore Anatole.
Je les vois de moins en moins,
Car c’est déprimant, à la fin,
La fréquentation des gens trop malins. _________________ "La vie est une dérision,ne la prenez pas au serieux:vous n'en sortirez pas vivant..." |
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DESCA
Inscrit le: 19 Mar 2006 Messages: 139
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Posté le: Dim Nov 18, 2007 12:41 pm Sujet du message: |
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Familiale
La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère
Et le père qu'est-ce qu'il fait le père ?
Il fait des affaires
Sa femme fait du tricot
Son fils la guerre
Lui des affaires
Il trouve ça tout naturel le pèreEt le fils et le fils
Qu'est-ce qu'il trouve le fils ?
Il ne trouve rien absolument rien le fils
Le fils sa mère fait du tricot son père fait des affaires lui la guerre
Quand il aura fini la guerre
Il fera des affaires avec son père
La guerre continue la mère continue elle tricote
Le père continue il fait des affaires
Le fils est tué il ne continue plus
Le père et la mère vont au cimetière
Ils trouvent ça naturel le père et la mère
La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires et les affaires
La vie avec le cimetière.
Jacques Prévert, Paroles _________________ "La vie est une dérision,ne la prenez pas au serieux:vous n'en sortirez pas vivant..." |
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DESCA
Inscrit le: 19 Mar 2006 Messages: 139
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Posté le: Ven Fév 01, 2008 6:23 pm Sujet du message: |
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NUIT BLANCHE
Depuis toujours
toute la nuit
la nuit a rendez-vous avec le jour
Mais chaque nuit
depuis toujours
elle est obligée de partir avant lui
À cheval sur un cheval
un cavalier
au grand galop galope
galope dans une allée,
il pousse des cris désolants
le paysage est désolé
mais ce qui est étonnant
c’est que le cheval se tait
Quel est donc ce cheval
Quel est donc ce cavalier
ce cavalier qui cavale
qui cavale dans une allée ?
À cheval sur un cheval
un cavalier
le cheval c’est une mule
et même qu’elle est empaillée
et l’homme c’est le bel Arthur
le fils du grand quincaillier
hier pour la belle Ursule
hier pour la belle Ursule
le malheureux le malheureux s’est noyé
et pourquoi donc cette mule
et pourquoi donc ce noyé
s’en vont-ils au clair de lune
galopant dans les allées
À cheval sur une mule
un cavalier
Ils vont chez la belle Ursule
qui donne un bal costumé
ils ne sont pas invités
mais ils la feront danser
danser au clair de lune
à coups de poing
et coups de pieds
Depuis toujours
toute la nuit
la nuit a rendez-vous avec le jour
mais chaque nuit
depuis toujours
elle est obligée de partir avant lui.
Jacques Prévert _________________ "La vie est une dérision,ne la prenez pas au serieux:vous n'en sortirez pas vivant..." |
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DESCA
Inscrit le: 19 Mar 2006 Messages: 139
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Posté le: Ven Fév 01, 2008 6:25 pm Sujet du message: |
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Si même...
.
Si même il ne restait qu'un écriteau sur terre :
"défense de pêcher car c'est notre rivière" :
nous serions révolutionnaires.
Si même il ne restait qu'un prince sur la terre,
qu'un prince et sa couronne et son divin mystère,
nous serions révolutionnaires.
Si même il ne restait, aux confins de la terre,
qu'un douanier gardant un mètre de frontière,
nous serions révolutionnaires.
Si même il ne restait qu'un canon sur la terre,
rien qu'un canon et rien qu'un dernier jour de guerre,
nous serions révolutionnaires.
Si même il ne restait qu'un bagne sur la terre,
qu'une seule catin, qu'une seule misère,
nous serions révolutionnaires.
Et s'il ne restait sur la terre,
Sur terre, parmi nous enfin
qu'un prolétaire avec sa faim,
nous serions révolutionnaires.
Robert Ganzo _________________ "La vie est une dérision,ne la prenez pas au serieux:vous n'en sortirez pas vivant..." |
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DESCA
Inscrit le: 19 Mar 2006 Messages: 139
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